Extrait du cahier de doléances, plaintes et remontrances que font à sa majesté les habitants de la paroisse de Damblainville (1789).
…Ils
passent à présent pour vous faire connaitre la vexation qu’ils reçoivent continuellement des seigneurs de votre royaume. Ils commencent
premièrement par leur droit de chasse soi-disant qu’ils ont droit et desquels nous ignorons ; ces messieurs viennent chasser
le lièvre en pleine campagne et dans le temps que les grains ne sont qu’en herbe ; ils viennent avec une meute de chiens courants,
les messieurs sont à cheval ainsi que leurs domestiques de manière tant en hommes qu’en chien cela forme environ soixante qui dévastent
nos grains, qui ne font quelque fois que lever ; si par hasard quelques-uns se montrent dans la campagne devant eux pour leur
faire quelques représentations du tord qu’ils ont d’abimer les levées, ces messieurs comment à dire qu’ils le veulent et qu’ils ont
le droit d’agir ainsi ; si on leur dit de payer le dommage, la récompense qu’on en reçoit sont des coups de fouets et des coups
de couteaux de chasse et laisse quelquefois les malheureux étendu sur terre à demi mort voilà la récompense que l’on en reçoit. Fait-on
des affaires on est encore condamné. Ah Sire nous vous supplions de donner des ordres en conséquence pour nous mettre à l’abri de
telles vexations.
De plus ils forment des garennes en plaine d’une grandeur assez grande pour que les bêtes fauves y trouvent retraite
ainsi que les lapins qui dévastent le reste que les messieurs ont commencé de piller, de plus, si un particulier a de la terre auprès
de ces messieurs-là, il n’ose pas garder soit de jour ni de nuit, qu’il ne soit soupçonné de braconnier ; si on est trouvé armé,
qui n’arrive pas souvent, parce que vous n’ignorez pas sire que l’on a désarmé tous vos sujets et nous n’en savons pas la cause. Nous
n’avons pas cependant envie de vous faire la guerre au contraire nous sommes tous prêts de verser notre sang pour défendre contre
vos ennemis ; mais armés ou points armés, ces messieurs obtiennent du gouverneur de la province un ordre et aussitôt deux cavaliers
de la maréchaussée viennent nous enlever et vous constitue prisonniers trois ou quatre mois et quelquefois à neuf ou dix lieues du
domicile de celui que l’on a saisi… En voiriez-vous pas encore que tous ces messieurs s’arrogent d’avoir des colombiers dont les pigeons
achèvent d’enlever le reste de la récolte que ces messieurs avaient laissés après ce qu’ils avaient fait de leur chasse ; je
ne sais si après une telle vexation, on ne devrait pas, Sire, donner permission au Tiers-Etat de détourner les animaux. Au reste Sire,
nous n’y manquons pas que vous êtes juste et par conséquent vous nous rendrez justice. C’est ce que nous attendons de votre majesté.
…
Nous
ne demandons pas mieux qu’à aider à payer les dettes de l’état, mais nous supplions votre majesté que nous ne soyons pas les seuls
qui les payent que les nobles payent que les ecclésiastiques payent comme nous que nous ne soyons pas les seuls qui soient vexés C’est
pourquoi nous supplions donc votre majesté de réduire tous les impôts que nous avons payé par le passé à un seul C’est le vœu de toute
la nation afin que nous soyons délivrés de ces tirants qui nous laisserons le temps de dresser des prières au ciel pour la prospérité
Sire de votre personne et la conservation de votre Royaume.
https://archives.calvados.fr/ark:/52329/qs4pbhwzlfgm/708f44bd-4fa3-4c58-a997-ed5da2e37bd1
Qui a rédigé les cahiers de doléances ?
Suite à la convocation officielle des états généraux par le roi Louis XVI, en janvier
1789, tous les habitants du royaume se réunissent pour délibérer et débattre en vue d'élire leurs représentants et présenter leurs doléances au
souverain.